par Vanessa Bédard-Gagnon
Le 9 avril dernier débutait la présentation de la pièce Trainspotting sur la scène du Théâtre Premier Acte. Attelez-vous, parce qu’avec Trainspotting, tout fout le camp. Les personnages, désespérés (ou est-ce plutôt désespérants ?), tournent le dos à la vie conventionnelle et s’envoient en l’air à l’héroïne, sautent les trains, surfent sur une dérape abrupte, glissante et délétère. Ils ne prennent pour ainsi dire pas de vacances dans leur vocation de drogués, sauf à l’occasion de certains moments de lucidité assez hard merci. Mais cette fuite du monde, aussi extrême soit-elle, a tout de même pour toile de fond la construction inachevée ou interrompue de petits mondes. En réaction au gâchis de leurs vies et à la difficulté de vivre, ces rebelles plongent dans une liberté faite d’illusion, de réel plaisir, d’aventure déjantée et de détresse implacable qui se pointe inévitablement au rendez-vous. Et un petit monde se crée quand même au sein de cette communauté de naufragés, des liens se tissent, un genre de fraternité de la dérape. Cela dit, on ne sort vraiment de ce monde parallèle qu’en quittant tout à nouveau pour recommencer ailleurs une nouvelle vie.
La mise en scène de Marie-Hélène Gendreau sur un texte de Wajdi Mouawad est fidèle au film de Danny Boyle, lui-même tiré d’un roman de Irvine Welsh. La trame, profondément dramatique, est ponctuée d’étincelles d’humour (noir, comme il se doit). L’impression générale est intense, lourde et anxiogène, mais en même temps profondément touchante, poignante, interpellante; ça donne envie de tendre la main à cette humanité désemparée. La troupe Collectif FIX raconte cette sombre histoire de l’intérieur, à grands coups de gueule et de joual traduisant certainement avec justesse la langue originale, l’anglais écossais.
La pièce est jouée jusqu’au 27 avril 2013, du mardi au samedi à 20h (sauf le dernier samedi, à 15h), au Théâtre Premier Acte.
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