par Vanessa Bédard-Gagnon et Sébastien Delorme
Jusqu’au 18 avril 2015, il est possible de voir la pièce montréalaise Moi, dans les ruines rouges du siècle, sur la scène du Théâtre Périscope. Cette oeuvre, écrite et mise en scène par Olivier Kemeid, s’inspire de la vie de Sasha Samar, montréalais d’origine ukrainienne, interprétant ici son propre rôle aux côtés des comédiens Marilyn Castonguay, Geoffrey Gaquère, Robert Lalonde, et Pascale Montpetit. Racontant l’histoire de Samar, depuis sa naissance en Union Soviétique jusqu’à son départ pour Montréal à la fin du 20e siècle, la pièce met en parallèle sa vie familiale mouvementée et la lente désintégration du communisme à la russe.
Malgré un décor fixe et modeste, à l’image des appartements typiques de l’endroit et de l’époque, l’utilisation variée des lieux démontre une profonde inventivité de la part des concepteurs de la pièce. En effet, cet environnement en apparence bien simple transporte le spectateur de façon fluide et adroite à travers l’espace et le temps dans un vaste éventail de tableaux, de la Sibérie profonde aux Jeux Olympiques montréalais de 1976, en passant par le dédale de la centrale nucléaire de Tchernobyl au moment de son tristement célèbre accident.
Interprété magistralement par ses comédiens (mention spéciale au vétéran Robert Lalonde, dans le rôle du père de Samad), cette pièce teintée d’humour se moque des torts et des travers du régime soviétique, sans toutefois y sacrifier son humanité. Le regard empreint de compassion et toujours empathique de l’auteur vis-à-vis de ses protagonistes permet une compréhension honnête des événements, qui peuvent paraître négatifs et même cruels aux premiers abords, mais qui en définitive portent aussi en eux la marque de l’espoir et de l’amour. Moi dans les ruines rouges du siècle, un hymne rédempteur à la vie, à la famille et à l’amitié, avec tout ce que cela implique.
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Programmation du Théâtre Périscope
Photographie de Jérémie Battaglia
Espace Ah! 