Parce qu’il avait choisi d’apporter sa contribution au festival littéraire «Québec en toutes lettres» qui vient de se terminer, le théâtre jeunesse Les Gros Becs, sis au 1143 rue Saint-Jean, nous a gâtés, à sa manière, en présentant l’adaptation d’un roman de Réjean Ducharme, L’Océantume.
C’était tout un défi à relever que s’était donné Sylvain Scott, le co-directeur du Théâtre Le Clou de Montréal. Mais il peut être fier du travail qu’il a fait en adaptant un texte romanesque aussi complexe, et ce, pour un public adolescent. Les mots et la fantasmagorie de Ducharme ne sont pas faciles d’accès, même pour les adultes passionnés. Favoriser l’approche d’un tel auteur à l’intention des jeunes est vraiment louable. Et on peut dire, sans hésiter, que la mise en scène de Scott, les décors, les costumes et l’éclairage, sans oublier le jeu exigeant des comédiens, tout a contribué à cet objectif : faire vibrer l’assistance au gré des émotions, des cauchemars ou des rêves d’une Iode Souvie, une rebelle de 10 ans qui parle comme une adulte et qui est capable d’une exceptionnelle loyauté, que ce soit vis-à-vis un frère qui refuse de marcher ou une amie dont elle souhaitait, au départ, la mort.
Le sujet de L’Océantume est sérieux; le grotesque des personnages ou des situations ne parvient pas à nous le faire oublier. «En grandissant, un enfant use», a écrit Réjean Ducharme dans son roman. L’adaptation nous a permis, cependant, de nous attendrir sur une de ces enfants prématurément usée.
Programmation du théâtre des Gros becs: http://www.lesgrosbecs.qc.ca/spectacle/