par Jean Dorval
Dans la série Le tribunal de l’Histoire, la Commission de la capitale nationale du Québec (CCNQ) présentait le 20 février au Palais Montcalm Le scandale de l’asile de Beauport. Ce spectacle était construit autour d’une reconstitution de ce que la petite histoire a mis à jour: Joseph-Édouard Cauchon, député de Montmorency était également propriétaire de l’asile situé dans son comté et de ce fait en conflit d’intérêt.
On remonte le temps en compagnie d’un témoin expert, Jean-Marie Lebel, exposant d’abord des références historiques au sujet de la création au Québec des établissements pour les «fous», par la suite appelés les «aliénés». Vers 1692 fut créé l’Hôpital Général de Québec qui, avec le temps, logea les malades mentaux dans des maisons sans fenêtres non loin de l’hôpital. Puis, vers les années 1870, le gouvernement québécois se tourna vers le secteur privé afin de régir les établissements pour aliénés comme l’asile de Beauport.
Le Tribunal de l’Histoire… Un décor d’époque. Une petite cuisine. Des meubles disposés de façon hétéroclite comme les âmes perdues des gens qui vivaient à l’asile. Au centre, la pianiste Isabelle Mathieu dont l’instrument martèle La valse de l’asile de Walter Boudreau… L’âme des aliénés parle à travers ces notes errantes, et déambulent les patients dans les corridors… L’apparition des témoins: Joseph-Édouard Cauchon lui-même, secondé par le Dr François-Elzéar Roy et quelques autres. Leurs réparties, leurs contradictions. Le piano intervient… La preuve avance… ponctuée par les Abeilles piquantes d’André Mathieu… le ton des défenseurs monte, leurs argumentations, leurs mensonges.
Les accusés en présence sont devenus au fil des années millionnaires grâce aux généreuses subventions et à l’exploitation de patients internés dans des conditions lamentables. L’interrogation demeure: «Le scandale de l’asile de Beauport» médical ou politique? Un jury composé de spectateurs tranche en faveur du scandale médical à raison de 9 jurés sur 12.
Cette reconstitution écrite et mise en scène par Cyrille Gauvin-Francoeur permet de renouer avec la devise du Québec: Je me souviens. Le prochain Tribunal de l’Histoire intitulé Le Scandale des culottes à Vautrin sera présenté le 27 mars et traitera de l’époque de Maurice Duplessis combattant le régime Taschereau.
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