Archives de octobre, 2011

par Lucie Vallée

Dans le cadre du 100e anniversaire de la maison d’édition Gallimard, la bibliothèque Gabrielle Roy accueille une exposition exclusive jusqu’au 30 octobre 2011. Y sont présentés entre autres les débuts de la Nouvelle Revue Française (NRF) à la genèse de la création des Éditions Gallimard, les années d’entre-les-deux-guerres, la création de la bibliothèque de la Pléiade et les péripéties de la dynastie Gallimard. Cette exposition retrace, en addition avec l’histoire des Éditions, l’histoire commune qui lie Gallimard et le Québec. Ce volet de l’exposition s’appuie sur des documents d’archives conservés de ce côté de l’Atlantique et relate la vie littéraire québécoise en lien avec les activités de Gallimard. Des écrivains comme Jean-Paul Sartre, André Breton et Antoine de St-Exupéry sont venus au Québec de par leur collaboration avec la maison d’édition et les traces de leur passage, mis en perspective avec d’autres éléments permettent de retrouver un peu du Québec de l’époque et des influences en jeu dont certaines feront que l’édition ait été très florissante au Québec au cours de la Deuxième Guerre mondiale.

Au deuxième étage de la bibliothèque, l’exposition fait la part belle à Réjean Ducharme dont Gallimard a publié les oeuvres. Un choix d’archives exclusives dont des manuscrits, lettres, photographies, dessins ou extraits radiophoniques et télévisuels vont permettre aux visiteurs qui prendront le temps d’apprivoiser l’installation, sa complexité et sa densité, de comprendre mieux les étapes charnières entre le travail initial de l’écrivain, les processus de l’édition et l’arrivée du livre dans les mains des lecteurs.

La bibliothèque Gabrielle Roy est un lieu donnant particulièrement sens à cette exposition en cours associée avec le Festival littéraire Québec en toutes lettres. Deux activités d’accompagnement sont proposées:  une visite guidée le 20 octobre à 17h et la présentation le 22 octobre à 15h d’un entretien filmé qui sera suivi d’échanges avec Rolf Puls, pdg des éditions Gallimard au Québec.

Pour plus d’information: http://bit.ly/oFpEpC

par Micheline Simard

Vous avez besoin d’une soirée qui enchante? Laissez-vous plonger en apnée dans la profondeur du texte et le travail chorégraphique efficace des comédiens de la pièce Écume, de la dramaturge et metteure en scène Anne-Marie White, aussi directrice artistique du théâtre du Trillium d’Ottawa. L’œuvre, primée lors de sa première mouture scénique en 2007, a été revue par son auteure et est présentée jusqu’au 16 octobre au Théâtre Périscope.

C’est une histoire qui soulève plus de questions que de réponses. Dès les premiers mots du premier personnage (une morte), et il en ira ainsi à chaque apparition des autres (une femme-poisson enceinte d’un biochimiste, depuis leur première rencontre, et un croque-mort mi-homme mi-femme, qui sert de médium entre le monde des vivants et des morts), le spectateur est introduit dans une étrangeté pleine d’humour et de poésie, d’où il ne sera expulsé qu’à la toute fin de la pièce, comme la mer rejetterait une épave. C’est donc légèrement «écumé» qu’on risque de retrouver une respiration normale, non sans regrets.

Car on nous fait vivre cette expérience à travers le mouvement constant des corps qui nous berce, tout spécialement celui gracieux et remarquable de l’amoureuse romantique (Joëlle Bourdon) et celui de son compagnon (Pierre Antoine Lafon Simard), pas moins talentueux.

«C’est beau la peur», est-il écrit en grosses lettres à l’arrière-plan de la scène, entre autres énoncés. La peur de mourir ou de vivre? Qu’importe. L’auteure rappelle qu’on montre, ce faisant, que la vie est importante, mais elle précise à travers sa Morgane qui parle à la fille-poisson croissant en elle : «Le rêve fera partie de toi. Il teintera ta perception du monde et ce monde t’appartiendra». Le moins qu’on puisse dire, c’est que le texte n’est pas banal et  que la prochaine œuvre de cette auteure sera à ne pas rater.

www.theatreperiscope.qc.ca

Photographie de Richard Tardif

Mikina

par Anny Bussières

Pour qui s’intéresse aux légendes amérindiennes de création du monde et à la communication entre les mortels et le monde des esprits, un arrêt à la Maison des Jésuites s’impose cet automne. On y présente actuellement, et jusqu’au 18 décembre 2011, l’exposition « Cosmogonies des Premières Nations », une découverte haute en couleurs et en réflexions, où l’on cherche à comprendre l’univers par le ciel et les astres.

Poèmes, tableaux peints, gravures, sculptures et objets traditionnels : les techniques et les points de vue se multiplient afin d’aider le visiteur à apprivoiser la thématique et à développer son propre point de vue. L’exposition accroche par sa facture décidément contemporaine, faisant fi d’un certain folklore infantilisant entourant habituellement les présentations sur les légendes amérindiennes. Ici, les artistes amérindiens du Québec explorent les liens entre modernité et tradition, entre vie passée et vie actuelle, entre croyances et réalités. Le bleu et le rouge se déclinent majestueusement dans les œuvres, la nature, les animaux et le soleil y occupent des places de choix et les différents médiums utilisés dynamisent cette exposition d’une vingtaine de créations.

L’art n’y est ni naïf, ni simple : on le saisit tour à tour puissant, rêveur, dramatique, ensoleillé, reposant, inquisiteur. Trois tableaux attirent tout de suite l’œil du visiteur :

« Mikina », de l’algonquine Véronique Thusky, des dessins et de la broderie sur du papier japonais, où l’on aperçoit la légende de la Constellation du Chasseur, telle que racontée à l’artiste par son grand-père.

« Sans titre », de l’algonquine Nadia Myre, de la gravure sur bois, un tableau bleu monochrome avec quelques étoiles et constellations blanches où le calme, l’infini et l’introspection envahissent et envoûtent.

« Ahshonthenhkha Karahkwa » de la mohawk Jasmin Gunn, de l’eau forte et de la gravure sur bois, le tableau le plus fort de l’exposition, malgré sa facture désarmante, des oiseaux y meurent par flèche au cœur, leur sang étant le point d’ancrage de l’œuvre.

La Maison des Jésuites propose également aux visiteurs, ce qui s’avère un complément intéressant, l’exposition « Mission en Nouvelle-France ». On y trouve un survol des débuts de la colonie, avec artéfacts amérindiens et maquettes des différents types d’habitation.  L’accès aux expositions est gratuit; des animations amérindiennes seront offertes les samedis du mois d’octobre, en après-midi.

Plus de détails à l’adresse http://www.paricilavisite.qc.ca/lieux-programmation.php?id_lieux=3

La rentrée de septembre 2011 a été très dynamique côté art, culture et patrimoine à Québec. Octobre ne sera pas en reste. En effet, le mois a débuté en lion avec les Journées de la culture et le nouveau Festival de cinéma de la ville de Québec. N’hésitez pas à suivre les activités présentées sur Espace Ah! et à profiter des couleurs de l’automne avant que le mois ne se clôture avec la cinquième édition du Festival de jazz de Québec mettant à l’honneur le saxophone. La ville sera alors envahie par plus de 250 musiciens. Évidemment, le festival littéraire Québec en toutes lettres offrira une panoplie  d’activités dont de nombreuses sont gratuites et il y aura bien sûr théâtre, danse et autres spectacles et expositions qui enrichiront octobre.